Le venin sans fin de l’influenceur d’extrême droite Papacito


Papacito (à droite) s’est mis en scène dans une vidéo avec Pierre-Guillaume Mercadal, l’éleveur de porcs de Montjoi pour lequel il a déclenché les hostilités.

Il vient de raccrocher les gants. Fin avril, le youtubeur d’extrême droite Papacito, 37 ans, a donné son dernier cours aux gamins du Boxing Club toulousain, dans un quartier populaire de la Ville rose, près de là où il a grandi. Pour autant, cette figure de proue de la fachosphère n’est pas descendue du ring, bien au contraire. Voilà plus de six mois qu’il mène une croisade en forme de raid numérique sur Montjoi, un village du Tarn-et-Garonne, dont il accuse le maire d’avoir favorisé un résident britannique au détriment d’un éleveur de porcs, Pierre-Guillaume Mercadal.

Ses punchlines ultraviolentes appelant à « chasser la fouine », vues plus de 478 000 fois, ont déclenché, en mai, une vague de harcèlement telle que l’élu, Christian Eurgal, est désormais placé sous protection policière. Six plaintes ont été déposées et le procureur de la République de Montauban, Bruno Sauvage, a ouvert une enquête « pour injure publique contre une personne dépositaire de l’autorité publique », qui vient d’être transférée au pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris.

Dernier rebondissement : alors que le débat sur la sécurité des élus n’a jamais été aussi vif, YouTube a annoncé, le 9 juin, la fermeture de la chaîne de Papacito (212 000 abonnés), accusé de « harcèlement » et de « cyberintimidation ». Cette succession de revers n’a pas l’air d’émouvoir l’intéressé, banni de Twitter depuis 2022. « Mes vidéos sont repostées partout sur YouTube et TikTok par ma communauté, nous dit-il au téléphone. Ce coup d’arrêt va juste me faire changer de plate-forme, me forcer à être plus malin… Pour la liberté ­d’expression, je ne mise plus sur la France, plutôt sur la Chine ou les Etats-Unis si Trump revient… »

D’ici là, Papacito raille « l’hystérie médiatique » qui a conduit à son déréférencement, déplore que « les journalistes subventionnés ne s’intéressent pas au fond de ­l’affaire ». S’il prend soin de condamner les menaces de mort formulées à l’encontre du maire par ses fans chauffés à blanc, il prévient aussi que « la croisade de Montjoi » n’est pas finie : « Défendre la paysannerie, c’est la base. Il y aura une troisième, une quatrième vidéo ! Un combat, ça se joue en douze rounds. »

Il cible les « fragiles », les « fiottes », les « végans »

Depuis dix ans, Ugo Gil Jimenez, alias Papacito, qui se définit comme « identitaire, catholique et royaliste », déplore la dévirilisation de l’Occident et cible les gauchistes, les bobos, les « fragiles », les « fiottes », les « végans ». Les étrangers aussi, quand ils ne sont pas suffisamment « intégrés » à son goût : « Ma femme est congolaise, mais c’est une vraie patriote française, catholique comme moi, qui partage les mêmes valeurs traditionnelles que moi », précise-t-il.

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Catégorie article Politique

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